© istock/ marisa Arregui
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Olivenza, une architecture d'empire

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Olivenza est un endroit extraordinaire au sud de Badajoz, en Espagne. J'ai eu la chance d'y naître, et je suis ravie d'avoir la possibilité d'écrire à ce sujet. À l'école, nous avions un professeur qui nous apprenait tous les petits secrets de cette ville magnifique et unique. Laissez-moi les partager avec vous !

© Sara Rodríguez Romo
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Pour bien comprendre l'idiosyncrasie d'Olivenza, il faut savoir que ce fut le seul territoire portugais sur la rive droite du fleuve Guadiana pendant cinq siècles. Pour eux, posséder un tel lieu était une question de prestige. Pour s'exhiber devant le gouvernement espagnol, on a fait appel aux meilleurs architectes et ingénieurs du monde pour construire ses merveilleux bâtiments. Prenez l'église de la Magdalena, par exemple.

L'église de Santa Maria Magdalena

© Sara Rodríguez Romo
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Ses architectes sont les mêmes que ceux qui ont construit le palais de Pena à Sintra et le monastère des Jerónimos à Lisbonne. Il a été construit pour les évêques de... Ceuta. Oui, je parle bien de cette ville au nord de l'Afrique ! Vous voyez un peu à quel point Olivenza était vitale à l'époque ? Son premier évêque était le confesseur du roi D. Manuel, qui fut ensuite transféré au Brésil et y officia la toute première messe de son histoire.

© Sara Rodríguez Romo
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L'église est une beauté. Elle est un hommage à la Mer : cette mer qui fit du petit royaume portugais l'un des plus grands empires de l'histoire. A l'extérieur, deux cordes en pierre divisent la tour centrale. En son centre, une rosace est entourée de sphères représentant le monde qu'ils gouvernaient au XVIe siècle. Entrez à l'intérieur : tout est tellement délicat ! Les colonnes sont uniques : elles représentent les vagues de la mer. Si vous vous tenez sur la partie arrière de l'église, à une heure précise, un rayon de lumière sort de la rosace. Quand il frappe l'autel doré, vous avez l'impression que les colonnes bougent. Sur le côté gauche, si vous levez les yeux, vous verrez un médaillon au plafond, représentant un homme au nez busqué. C'était un Juif, qui fut obligé de contribuer avec beaucoup de moyens à la construction de l'église, pour pouvoir rester ici, au moment où ses coreligionnaires se faisaient expulser. Le sculpteur ne voulait pas qu'il soit oublié, tout juif qu'il était. Alors, comme une mauvaise blague, il le représenta avec un énorme nez !

© Sara Rodríguez Romo
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Quelques décennies plus tard, le Portugal passa sous la domination de l'Espagne, et le roi Philippe II décida qu'il devait lui aussi construire quelque chose qui rivaliserait avec tous les chefs-d'œuvre précédents. Il fit de l'église Sainte-Marie-du-Château, dans son style particulier, une église plus austère et plus sobre que la joyeuse Magdalena, mais tout aussi imposante.

Une architecture militaire

Cependant, Olivenza était avant tout une ville défensive, l'architecture militaire était donc fondamentale. Un disciple de Descartes a travaillé ici comme ingénieur. Pour faciliter l'accès depuis le Portugal, le même roi, D. Manuel, construisit un pont massif (380 mètres), au nom très explicite d'"Ayuda" (Pont de l'Aide). Bien sûr, il n'a pas duré longtemps : moins de trois siècles plus tard, il était emporté par le vent. Cependant, seules les arches centrales manquent, alors que le reste est en parfait état. Il y avait autrefois une énorme tour au milieu qui servait de poste de contrôle.

© iStock / Fotoeventis
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Puente Ajuda, Olivenza
Puente Ajuda, Olivenza
QRHH+5HQ, 7350 Sra. da Ajuda, Portugal

Olivenza était autrefois une forteresse templière. Son nom viendrait de l'énorme quantité d'oliviers qui poussent dans ces terres fertiles. Quand la ville était aux mains des Portugais, le Roi construisit la plus haute Tour d'Hommage du pays : 36 mètres (ce qui équivaut à un bâtiment de 15 étages), une fière provocation pour les villas espagnoles voisines. A l'intérieur, 17 rampes permettent d'accéder au sommet. Les militaires les plus importants pouvaient y monter à cheval, comme dans la Giralda sévillane. Tout autour, quelques anneaux de murailles. De plus, un fossé médiéval a été récemment mis à jour. Dans le passé, des maisons avaient été construites par-dessus. Ses habitants se plaignaient apparemment de l'humidité !

Castle of Olivenza
Castle of Olivenza
Plaza Sta. María, s/n, 06100 Olivenza, Badajoz, España
© Sara Rodríguez Romo
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La rumeur veut qu'une autoroute soit prochainement construite, améliorant ainsi sa connexion avec Badajoz, Madrid et le Portugal, via Elvas. C'est drôle, il n'y a pas de panneau de bienvenue lorsque vous traversez le fleuve Guadiana et que vous atteignez officiellement le Portugal : vous étiez censé être déjà dans ce pays si vous venez d'Olivenza ! Aussi, pour l'anecdote, saviez-vous que jusqu'en 2017, la CIA américaine pensait qu'Olivenza était aussi dangereuse que Gaza ou la Cisjordanie, et conseillait à ses citoyens de ne jamais s'y rendre ? Les médias nationaux espagnols ont trouvé ça hilarant, et pendant des années, ça a fait la une des journaux télévisés...

Aujourd'hui, les personnes nées ici ont le droit à la double nationalité. On a même le droit de voter au Portugal ! Je pense que c'est un très bon exemple pour les autres régions : Olivenza est fière d'être à la fois espagnole et portugaise. Comme le dit une chanson locale : "les filles d'Olivenza ne sont pas comme les autres, car ce sont des filles d'Espagne et des petites-filles du Portugal".

Las muchachas de Olivenza no son como las demás, porque son hijas de España y nietas de Portugal.

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Le rédacteur

Sara Rodriguez Romo

Sara Rodriguez Romo

J'habite entre Salamanque, en Espagne, et Marvão, au Portugal. Voyageur passionnée, j'ai visité plus de 30 pays sur quatre continents. Actuellement, je fais un doctorat en mythologie grecque et je travaille avec des chevaux, je fais des promenades dans la nature !

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