L'histoire du Mémorial Sighet

Le Mémorial Sighet est un musée situé dans l'ancienne prison de Sighet, où les détenus politiques ont été condamnés à l'époque communiste. Le musée raconte les mauvaises conditions de vie des détenus, les horreurs qu'ils ont dû subir pour survivre, et il documente l'époque communiste en Roumanie.

Sighet Memorial

Strada Corneliu Coposu 4, Sighetu Marmației 435500, Romania

L'ère communiste en Roumanie

Revenons un peu en arrière. Le régime communiste a duré en Roumanie entre 1947 et 1989. Il y avait deux chefs : Gheorghe Gheorgiu Dej et Nicolae Ceaușescu (dirigeant entre 1967 et la chute du communisme). Peu après l'instauration du régime communiste en Roumanie, les élites, qui représentaient un danger pour les autorités, ont été envoyées à la prison de Sighet. Des personnalités intellectuelles, politiques et religieuses ont été emprisonnées à Sighet.

La prison de Sighet

Et revenons un peu plus en arrière. La prison de Sighet a été construite en 1897 par les Austro-Hongrois comme prison de droit commun. Après l'instauration du régime communiste, plus de 100 anciens ministres, universitaires, économistes, fonctionnaires militaires, historiens, journalistes, politiciens ont été amenés au pénitencier de Sighet en 1950.

Les peines étaient lourdes et la plupart des prisonniers n'étaient pas jugés. Les conditions étaient mauvaises : il n'y avait pas de chauffage, presque pas de nourriture et pas de lumière. En raison de cet état, 54 des détenus n'ont pas survécu. Il se peut qu'ils y aient été enterrés dans le cimetière des pauvres, non loin de la prison, mais on ne sait toujours pas où ils se trouvent.

La cellule où Gheorghe I. Bratianu, un important historien et homme politique roumain, a passé ses derniers jours.

En 1955, à la suite de la Convention de Genève et de l'admission de la Roumanie communiste, certains des détenus politiques ont été libérés et certains d'entre eux ont été transférés. La prison de Sighet redevient une prison de droit commun.

Transformer la prison en musée

La Fondation Academia Civica a repris l'ancienne prison en 1993 et a commencé à la transformer en musée en 1994. Il a fallu dix ans de travail du Centre d'études sur le communisme pour découvrir l'ampleur réelle de la répression. Les salles du musée ont été conçues par Ştefan Popa, les architectes Radu Canciovici et Ciprian Ionescu en collaboration avec d'autres designers et architectes. Les fondations, l'isolation, le toit et les murs intérieurs étaient en cours de restauration.

En l'an 2000, les travaux de réhabilitation ont été achevés. Chaque cellule est devenue une salle de musée, où sont exposés des objets, des photographies et des documents. La répression, la destruction de l'État de droit et le remplacement par un système totalitaire, en tant que principaux sujets concernant l'ère communiste, sont exposés dans l'ordre chronologique.

Il y avait près de huit mille morts dans les prisons, les camps et les lieux de déportation en Roumanie. Leurs noms ont été gravés dans l'espace souterrain. Deux grandes sculptures de Camilian Demetrescu, "Hommage au prisonnier politique", ont été réalisées pour ce musée mémorial. Parmi eux, d'autres œuvres d'art ont été données : "Freedom we love you" par Şerbana Dragoescu, la peinture "Resurrection" de Christian Paraschiv et la sculpture en bronze "The Black Sea" dédiée à l'historien Gheorghe I. Bratianu, l'un des historiens et politiciens les plus importants de Roumanie.

Le Mémorial Sighet nous raconte une histoire que nous voulons peut-être oublier, une histoire de souffrance. C'est un lieu où l'art rencontre la documentation, et un lieu où la vérité est sortie des murs de la prison.