L'hiver à Lisbonne : rues bondées, petits coins tranquilles

C'est le début de l'après-midi et un vent doux souffle. L'Avenida da Liberdade se rétrécit sous les rangées d'arbres presque gris, nus et leurs branches enchevêtrées, et elle reflète la respiration de la ville les premières semaines de l'année. Le souffle des véhicules qui montent et descendent n'est apprivoisé que par les feux de signalisation le long de la route. L'ambiance hivernale est parsemée de sons denses et aigus, provenant des travaux de construction et de rénovation à proximité. Des feuilles mortes, d'un brun ocre, forment un voile sur le pavé noir et blanc, piétiné par les passants qui passent devant les quiosks et les magasins. La lumière du soleil est vive mais froide, l'étoile semblant vouloir se cacher derrière les bâtiments de l'avenue.

Avenida da Liberdade

Av. da Liberdade, Lisboa, Portugal

J'avais prévu de faire ma randonnée depuis l'Avenida, à travers les quartiers de Campo Santana et d'Anjos, jusqu'à Graça, avec un peu de chance au coucher du soleil. Pour l'instant, j'emprunte une des rues qui se transforment en une petite place : Largo da Anunciada. Elle abrite Igreja de São José, une herboristerie du XVIIIe siècle et une ancienne laiterie de classe, ornée de belles mosaïques. Relié à une rue avec des restaurants et des esplanades alignés, on y voit du mouvement. Les touristes passent, comme moi. Tout droit, dans un fossé qui interrompt les façades des habitations, au point le plus bas d'une colline en pente, se trouve un téléphérique jaune en forme de tramway - un funiculaire. Il est recouvert de grafiti, tout comme le sont les murs étroits qui encadrent la montée.

Une paire de chemins de fer minces suivent la rue en montée, nommée Calçada do Lavra. L'ascenseur est immobile, attendant son heure de départ. Je suis le petit escalier ; au-dessus de ma tête sont suspendus de courts balcons, des pots avec des plantes et un labyrinthe de câbles électriques. Tout décrit une courbe pour atteindre le sommet, un petit quai d'où l'on peut voir un bout de Lisboa. Une petite arche indique la sortie de la petite gare vers l'extérieur de la rue. Je sais qu'il y a un grand jardin avec un meilleur point de vue non loin d'ici, et je suis curieux de le visiter si tôt dans l'année : Jardim do Torel.

Miradouro e Jardim do Torel

Tv. Torel 21, 1150-347 Lisboa, Portugal

A quelques mètres de là, une clôture métallique verte et un portail entre des piliers rectangulaires en pierre annoncent l'entrée du jardin. Une petite place de gravier, entre la végétation et un mur de pierre, est garnie d'une fontaine sculptée, avec de l'eau à la hauteur d'un genou. Immédiatement, on peut voir comment le sol du jardin commence à descendre, en suivant le doux versant de la colline. Entre les troncs de grands platanes et de pins qui offrent de l'ombre, Lisbonne réapparaît, sous forme de milliers de blocs irréguliers entassés sur des collines et des vallées. Un doux écho de la ville plane au-dessus de ses toits.

Je reste près du point de vue fantastique pendant un moment. Il y a pas mal de gens sur les bancs de bois, assis sur l'herbe, profitant du temps qui passe, du soleil, de la vue. Entre la mer d'immeubles, on peut apercevoir des points de repère populaires. L'ambiance est très accueillante, mais je dois continuer ma promenade et retourner dans le quartier environnant. Derrière les arbres et les clôtures se trouvent quelques hôtels particuliers avec leurs jardins privés. Les feuilles jaunâtres qui pendent encore des arbres forment un beau plafond au-dessus de la route. Toujours tout près de Jardim do Torel, j'aperçois la statue du Dr Sousa Martins, debout sur les pelouses de Jardim Braancamp Freire.

Les gens admirent les vues des jardins urbains, se reposent sur les bancs ou promènent leurs animaux. Une agréable brise fraîche souffle. Il y a beaucoup de visiteurs qui se promènent, prennent des photos ou discutent joyeusement ; certains s'arrêtent pour lire les hommages à la figure en bronze, ou la plaque commémorative décrivant les événements historiques qui se sont produits dans la région. Ce sont des points d'intérêt réguliers, mais l'abondance d'animaux qui y vivent est aussi quelque chose à voir. L'accueil des coqs m'avait surpris lorsque je me suis approché de la place, et il est difficile de les ignorer. En remontant le Campo dos Mártires da Pátria, le parc commence vraiment à ressembler à une ferme.

Jardim Braancamp Freire / Campo dos Mártires da Pátria

Jardim Braancamp Freire, 1150 Lisboa, Portugal

Des coqs, des poules et des canards s'y promènent en toute quiétude, de la statue aux avenues animées du haut. Quelques canards élisent domicile sur quelques bancs, tandis que la majorité des animaux restent sur la verdure, picorant, assis sous les haies. Les chemins m'emmènent vers l'avant, à côté de grands arbres et de pelouses tondues, de la laitue verte colorée sous la lumière du soleil qui parvient encore à passer ; il y a aussi des bassins et des fontaines de turquoise vif parsemées de fleurs de couleur. Un petit quiosk près d'une esplanade propose à boire. Un groupe de personnes âgées jouent aux cartes.

En se rapprochant de l'avenue qui traverse Campo dos Mártires da Pátria, l'agitation urbaine monte en flèche. Des vagues de voitures et de gens se succèdent, les rues vibrent au rythme du mouvement. Le quartier de Graça est mon prochain arrêt, et je vais devoir me replonger à nouveau dans le côté très fréquenté de Lisbonne. Je regarde en arrière, et les animaux restent tranquilles. Le soleil d'hiver s'abaisse à l'horizon, laissant traîner ses rayons obliques sur l'herbe.