Autour de Klungkung : artisanat du sud-est de Bali

La ville de Klungkung, ou Semarapura, se situe entre la gigantesque station balnéaire de Denpasar, synonyme de Bali pour de nombreux touristes, et les enclaves plus isolées de Candidasa et d'Amed. Des foules de vacanciers passent quotidiennement dans ses environs, mais les attractions du sud-est restent cachées à la vue de tous, comme la "lettre cachée" de E.A. Poe. Seuls les explorateurs les plus dévoués rendent visite aux artisans locaux - et cette partie de l'île, pour une raison quelconque, semble avoir accumulé tous les objets d'artisanat les plus rares.

Les fabricants de gamelan de Tihingan

L'Indonésie possède une tradition musicale ancienne, ses propres classiques et sa musique de cour. Elle est basée sur le gamelan, un ensemble de gongs, de xylophones et de métallophones, auquel peut s'ajouter une flûte. L'interprétation du gamelan repose principalement sur le gong ageng, le grand gong. Ce plat en bronze massif est le seul instrument de percussion véritablement polyphonique au monde. Frappé de manière experte, il produit trois sons clairs à la fois, le bouton central, le plateau et le rebord résonnant à des fréquences différentes. Le village de Tihingan, près de Klungkung, est spécialisé dans la fabrication de gamelans, et la partie la plus spectaculaire est la fonte et la frappe des gongs. Le grand disque de métal est chauffé à plusieurs reprises jusqu'à l'incandescence et martelé à l'aide de maillets en bois pour obtenir une forme parfaite. Il ne ressemble à rien d'autre qu'à la forge des dieux qui produit de nouveaux soleils, et il est extrêmement photogénique. D'autres travaux, comme l'assemblage des xylophones ou la sculpture et la peinture des cadres en bois, valent également le coup d'œil, mais si vous disposez de peu de temps, privilégiez le son des marteaux.

Tihingan village, Bali

Tihingan, Banjarangkan, Klungkung Regency, Bali, Indonesia

Verrerie Satria

Le soufflage du verre est un art en voie de disparition. Des pièces miniatures décoratives sont encore parfois créées de cette manière, mais tout le reste du travail du verre est aujourd'hui réalisé par des machines. Quelques souffleurs de verre survivent en Afghanistan, deux familles d'artisans maintiennent l'artisanat en vie au Caire, mais en général, il faut savoir où chercher - c'est très rare. À Bali, il existe au moins trois ateliers de ce type, regroupés entre Denpasar et Klungkung. L'un d'entre eux, Satria Glass Factory, est en fait assez proche de la ville de Semarapura. Ne vous attendez pas à des fours anciens : des fours électriques modernes sont utilisés, et la matière première est constituée de fenêtres et de bouteilles cassées ; il s'agit donc techniquement d'un recyclage. Le reste n'a pas changé depuis l'invention de ce métier : de longs tubes métalliques dans lesquels souffler, des boules de verre fondu et visqueux chauffées au rouge, et des maîtres qui gonflent leurs joues comme des trompettistes. Les objets produits sont à la fois décoratifs et utilitaires : de grands vases et des jarres, principalement. Après avoir soufflé le verre dans les formes souhaitées, les pièces sont rapidement abaissées sur des mannequins préparés à cet effet, de sorte que le fond conserve la forme irrégulière du bois. Le support et le récipient doivent évidemment être vendus ensemble - seuls, ces vases ne pourraient pas rester debout.

Satria Glass Factory, Bali

Jl. Sakura, Serongga, Kec. Gianyar, Kabupaten Gianyar, Bali 80511, Indonesia

Fabrication de sel à Kusamba

Les pêcheurs vivant sur la plage au sud de Klungkung ont développé une autre activité artisanale inhabituelle : la fabrication de sel par évaporation de l'eau de mer. Contrairement à la plupart des îles indonésiennes où cette opération est réalisée de manière industrielle dans de grands étangs ouverts, ici des troncs d'arbres évidés sont utilisés pour fabriquer des auges, qui sont ensuite remplies de sable ramassé sur le rivage et d'eau douce. Il en résulte du sel naturel, qui est ensuite expédié à des revendeurs ou vendu à titre privé sur la route à proximité. De tels produits gagnent en popularité de nos jours, sous l'étiquette "bio" - bien qu'il soit difficile de savoir ce que l'on peut trouver de bio dans un tas de NaCl. Si vous voulez un paquet, il vous coûtera à peine plus cher que le sel synthétique d'une supérette, et des dizaines de fois moins cher que dans un magasin "d'hygiène de vie". Bien que le sel ne soit pas une œuvre d'art, le processus est intéressant à voir et assez photogénique.

Aspects pratiques

Les véhicules publics se dirigeant vers l'est passent par l'autoroute, et quelques bemos - minibus locaux - la quittent pour entrer dans la ville de Klungkung. En les utilisant intelligemment et en marchant beaucoup, les trois sites peuvent être visités en une journée depuis Denpasar, bien qu'il faille commencer tôt : les bemos et les artisans finissent de travailler en milieu d'après-midi. Ne comptez pas sur un retour en stop - Bali est assez corrompue, et sur l'autoroute principale, l'auto-stop n'est pas fiable. Une solution serait de rester à Klungkung et d'y aller doucement, en incluant dans votre itinéraire quelques chutes d'eau au nord de la ville. Les quelques maisons d'hôtes bon marché de la ville ne peuvent pas être réservées sur les sites Internet internationaux, mais il existe un certain nombre d'hébergements chez l'habitant et même des villas dans les villages voisins. Une autre méthode, plus typique pour un touriste ordinaire en vacances de courte durée, consiste à louer une voiture. Bien entendu, si vous conduisez une moto, le problème est automatiquement résolu.